@Quiberon
Une chapelle abandonnée...

Quiberon : Le trésor de la chapelle

samedi 19 novembre 2011 par Patrick LUCO

Tous les Quiberonnais se souviennent du charisme de M. Le Curé Hippolyte Pissard qui exerça son sacerdoce dans notre bonne cité, et dont la gentillesse a marqué les esprits. C’étaient dans les années 1960…

Il était prêtre dans l’esprit de Vatican II. Il connaissait les familles, les vieux, les jeunes, ceux qui croyaient et ceux qui ne croyaient pas. Il savait aussi sonder les cœurs. Proche des gens, il n’avait de cesse que de promouvoir le Message tout en s’inscrivant dans les contraintes d’un monde en perpétuelle ébullition.

Le Curé Pissard était originaire de Lorient, importante ville maritime. Il avait exercé son sacerdoce à Belle Ile en tant que Recteur de la Paroisse de Locmaria avant de venir ici en 1960 pour succéder à M. le Curé Le Lin à qui Quiberon doit une fière chandelle (*).

Je me souviens très bien de son arrivée à Quiberon et de l’accueil formidable que les paroissiens lui avaient réservé lors de sa descente du bateau ! Une belle et joyeuse pagaille place Hoche ! Il était précédé de la clique des pilotins qui ,selon son habitude, jouait son célèbre morceau favori en remontant la rue de Verdun…

Ici, à Quiberon, à la fin des années 1950, pour rester proches des fidèles de la paroisse, le curé assisté de ses vicaires, avaient décidé après avoir convaincu, les fidèles, le conseil de fabrique, et la municipalité d’ériger une petite chapelle à Port Maria, à proximité des usines et du port.

Une personne de Port Maria, venant de la proche Bigoudénie, avait alors fait don d’un petit terrain sur lequel une chapelle en préfabriqué fut alors rapidement érigée grâce à la générosité des uns et des autres.
In illo temporis, on n’oubliait pas que le travail était aussi une valeur chrétienne.

Puis, cette chapelle se révélant utile, mais quand même inadaptée, fut reconstruite en 1965 grâce aux dons des fidèles et des familles.
C’est alors que donnant suite aux conseils avisés d’un ingénieur lié à une famille quiberonnaise, dont un membre faisait partie du Conseil de Fabrique, que fut choisie une structure métallique préfabriquée conçue par un Ingénieur architecte internationalement réputé , Jean Prouvé.

Cet ingénieur était surnommé le « Le tortilleur de tôles » !... Pour se faire une idée de son Art : http://www.galerie54.com/web/Expositions_details.php?ID=MjhANGY1ZmRmZGZjNDlmNjNlODAzYzFiMzFkODUyNjUwZWI%3D

Certains reconnaitront un style connu !...

La structure choisie avait été conçue spécialement à Villejuif en 1957 pour une école provisoire. L’idée générale sous-jacente à la conception de ces structures était qu’elles avaient été pensées pour pouvoir être installées et éventuellement déplacées très rapidement avec un minimum de travail afin de répondre en urgence à des demandes d’équipement à usages multiples.
C’est ce qu’on appelle aussi une structure « nomade ».
Ces éléments étaient standardisés et modulables, à l’instar des constructions Fillod.
L’idée fondamentale qui préside à la conception mécanique statique est ce qu’on appelle la béquille asymétrique. C’est un principe novateur, comme le fut en son temps le cantilever.
En 1958, l’un des bâtiments est sinistré par un incendie. Puis, peu après, les deux autres ont été démontés.
C’est donc un sous ensemble de 15m sur 10m qui a été transporté à Quiberon pour construire cette chapelle. Le reste a été employé à Saint-Clément et au collège Sainte Anne dont notre maire actuel fut directeur.

L’excellence de la conception puis de la réalisation ont fait qu’un demi siècle plus tard, la structure était encore à poste, et prête sans nul doute à passer quelques siècles !

Jean Prouvé n’a pas conçu que cela et il s’est intéressé à bien d’autres structures avant de devenir un professeur réputé et très couru du CNAM.

Le temps passant, la chapelle de Port Maria a été de moins en moins fréquentée par les fidèles, puis quasi-abandonnée. Elle a fini par gravement se détériorer au point que le Conseil de fabrique a revendu pour 80 000 euros cette structure métallique de Jean Prouvé à des acheteurs qui -eux- étaient des connaisseurs...

La chapelle curieusement était destinée à être détruite. Des ouvriers spécialisés sont venus démonter très soigneusement les structures de Jean Prouvé, laissant tout le reste en place, Croix, autel, etc.

Seules ces structures sont parties. Manifestement ceux qui les ont démontées en connaissait la valeur.

Si on s’intéresse un tant soit peu à l’architecture et qu’on se réfère à Le Corbusier et à quelques autres, on trouve fatalement Jean Prouvé dans les parages… De même que si on cherche un peu sur le net, on trouve aussi des structures de ce genre vendues aux Etats-Unis à des prix de l’ordre de 5 millions de dollars…

Ici ? Une poignée de figues !

La structure métallique de Jean Prouvé de la chapelle de Port Maria en Quiberon vient d’être vendue chez Artcurial : 1 830 400 €uros. (voir la Gazette Drouot de cette seine page 79).

http://www.artcurial.com/fr/asp/fullCatalogue.asp?salelot=2022++++++50+&refno=10338159

Cherchez l’erreur !... Dommage ! Cela aurait fait une belle annexe pour notre Musée de Quiberon...

http://www.galerie54.com/web/Expositions_details.php?ID=MjhANGY1ZmRmZGZjNDlmNjNlODAzYzFiMzFkODUyNjUwZWI%3D

http://www.connaissancedesarts.com/archi-jardin-patrimoine/actus/dossiers/eric-touchaleaume-chez-les-freres-martel-83908.php

http://www.letelegramme.com/local/morbihan/vannes-auray/quiberon/quiberon/architecture-les-poutres-du-college-au-louvre-22-01-2011-1183260.php

[fond jaune paille][bleu]J’avais suspendu la publication de cet article, un jour après son émission, le temps d’avoir une réaction de l’évêché de Vannes à un certain nombre d’interrogations posées par des amateurs du patrimoine de Quiberon.

C’était volontaire….

Aujourd’hui, le journal local publie un article plutôt généraliste et « gentillet » sur cette braderie sans s’étendre sur le fond.

Personnellement, j’ai une toute autre compréhension et opinion sur le sujet.

Comme beaucoup de Quiberonnais, qu’ils soient issus des « vieilles » familles, ou qu’ils soient de ceux qui se sont attachés par goût à un pays privilégié par sa géographie, son histoire, et ses habitants, je n’apprécie pas du tout de voir brader, ou vendre à l’encan le patrimoine constitué par nos aïeux..

Ce patrimoine a été peu à peu obtenu à force de travail, de sacrifices, de souffrances et d’amour.

Nos aïeux n’avaient pas fréquenté les bancs d’écoles ou d’instituts spécialisés, mais fins observateurs, travailleurs acharnés, souvent aventuriers, par leur travail, leur courage et leur générosité, ils avaient, chacun à leur manière et selon leurs moyens donné de leur temps et de leur argent.

Attachés à leur Terre, à la Mer, ils n’avaient de cesse que de rechercher le bien-être et le bien-vivre par un travail honnête dans l’esprit des valeurs de l’Evangile tel que nos prêtres le leur présentait chaque dimanche ou jour de fête dans les prônes et sermons.

C’était le ciment d’une vieille communauté maritime soudée par des valeurs que d’aucuns combattent sans cesse parce que cela gêne leurs desseins funestes.

Maintenant, années après années, jour après jour, notre patrimoine se voit bradé. Cela a commencé par les ports dont nous avions un contrôle total. C’étaient une des entrées de nos richesses, des édiles les ont délaissé et confié à tort et sans contreparties à des organismes dont les préoccupations ne sont pas les nôtres. Les terrains communaux vendus ou concédés pour rien ; Des édifices municipaux délaissés ou encore sur le point d’être vendus par ceux en qui on avait, à tort, placé notre confiance. Maintenant, ce sont les biens paroissiaux qui s’envolent….

J’invite tous ceux qui liront ces lignes à méditer sur la confiance et sur les conséquences qu’il peut y avoir à la laisser entre les mains de ceux qui ne la méritent pas….

Maintenant que va-t-il nous rester ?[/bleu][/fond jaune paille]

* : M Le Curé Le Lin, ayant appris que le général Allemand commandant la poche de Lorient en 1945 avait l’intention d’évacuer les habitants de la presqu’ile puis de la battre à l’artillerie lourde, était allé en compagnie du maire le convaincre de ne pas le faire.

Ce qui fut fait. M. Le Lin a sauvé Quiberon de la destruction totale.

Je ne comprends pas que l’on ait pas donné son nom à une rue ou à une place pour services éminents rendus lors d’évènements critiques.


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