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Port Haliguen : une ria bien fréquentée...

Une ria bretonne, très tôt utilisée pour abriter les bateaux...
dimanche 16 août 2009 par Patrick LUCO

Dans la "Réformation du Domaine d’Auray", en l’an 1679, se trouve la mention "er marquais port halleguen", c’est à dire "le marais du port des saules".

Le mot breton "halegenn" désigne des saules et se retrouve, depuis l’an 1263, en divers lieux avec des graphies diverses : haleguen, alegen, aliguen, halegen, haliguen...

Un ruisseau, qui descend par un vallon recevant les eaux du Roch Priol, de Kermorvant, et de l’ouest de la butte de Locmaria s’écoule vers le fond de la ria de port Haliguen. Le recueil des eaux du bassin versant étant au Stango.

Le fond de cette ria était assez marécageux jusque vers le milieu des années 1970. Ce vallon -le val fleuri- était très boisé : saules, peupliers, frênes...
C’était le refuge privilégié de nombreux oiseaux et petits animaux. C’était un endroit où les galopins -dont j’étais !- n’hésitaient pas à braconner les lapins, les bécasses et autres poules d’eau !

Des lavandières venaient y laver leur linge, rincer les fibres de lin après les avoir fait rouir dans les mares du "fos er menn deur"...

Cette petite ria s’ouvrait à l’Est et à l’Ouest par un petit promontoire rocheux prolongé par un quai de pierres sèches jusque vers les années 1840, date de la construction du port. Cette ria est aujourd’hui pratiquement enfouie sous le béton, les remblais et le macadam des quais.

Cette ria fut le premier port naturel le plus fréquenté de la presqu’île quiberonnaise, depuis des temps immémoriaux. Les autres ports étant ceux de Porh Bago, du Beg-Rohu et du port d’Orange.

En 1746, Port-Haliguen vécut le drame de la mise à sac de la presqu’île. Les troupes anglaises y détruisirent quatre barques (de 18, 35 et 50 tonneaux), seize chasse-marées (petits caboteurs), quatorze chaloupes de pêche avec leurs filets, une gabarre de 16 tonneaux, sept maisons, deux étables et onze magasins de 160 à 1. 125 m2, contenant des presses à sardine, des gréements et des marchandises diverses liées à la pêche, à la navigation et à la conserverie.
Les dégâts pour Port-Haliguen furent évalués à 70.900 livres par le Sieur MARION, directeur des domaines de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le duc de Penthièvre.
Elles s’élevèrent à 429.576 livres pour l’ensemble de la presqu’île. Notons, à titre comparatif, qu’un cheval valait 60 livres, un boeuf 45, un mouton 3, une vache 30 et un cochon 20 livres.

En 1795, de nouvelles destructions marquèrent ce port Haliguen lors des ultimes combats que se livrèrent, en ce lieu, les dernières troupes des cinq mille Emigrés et des dix mille Chouans affrontées aux troupes des Républicains. En souvenir, certaines familles entretenaient des lys blancs dans leurs jardins, en souvenir du Roi, et aussi de la mise à mort de la plus fine "fleur de France" par ce voyou de Dhinne... C’est là aussi que la République donna sa parole aux officiers émigrés, puis la renia...

Petit à petit, la ria naturelle fut aménagée. En 1834, le poète Victor HUGO et son amie Juliette DROUET visitèrent QUIBERON, en compagnie d’Abel HUGO qui, l’année suivante, signala dans son ouvrage "La France pittoresque", que le port Haliguen est protégé par "deux jetées de pierres sèches et peut recevoir des bâtiments de trois cents tonneaux". A partir de 1840 furent construits les môles et les quais actuels du "vieux port".

De passage à QUIBERON en 1847, Gustave FLAUBERT et Maxime du CAMP écriront un chapitre très imagé et plein d’enseignements sur la traversée maritime de QUIBERON à BELLE-ILE-EN-MER, à la voile et à la rame, dans leur ouvrage "Voyage en Bretagne, par les champs et par les grèves". Il trace un portrait désastreux du maire de l’époque...

Alphonse DAUDET, en 1893, séjournera à Port-Haliguen, dans "la maison jaune". Il décrira ce port et les moeurs quiberonnaises dans son roman naturaliste "La Petite Paroisse". Dans cet ouvrage il y a des descriptions de scènes d’ivrognerie maritime qui dépassent l’entendement ! Et notamment un récit de "bistrote" débordant des mathurins à coup de pelle d’aviron !..
Quant à la maison jaune c’est l’ancienne "capitainerie" du port de plaisance. Cette maison jaune est l’ancien abri des artilleurs qui servaient les deux pièces d’artillerie qui couvraient l’entrée de la ria de Port Haliguen.

Le 30 juin 1899, par une nuit de tempête - vent, et de pluie diluvienne- le navire de guerre SFAX s’ancre en baie. A son bord se trouve le capitaine DREYFUS de retour de l’lle du Diable (îlot près de la Guyane française). Il sera débarqué à une heure trois quarts du matin, le 11 juillet 1899.
La plaque commémorative appliquée sur le mur de l’ancienne maison Redor, porte l’inscription "... est débarqué" , et non pas "... a débarqué" ! Pourquoi ? Tout simplement, il a été jeté sur la cale de vive force. Il a d’ailleurs été blessé à une jambe... En langage de marine, "être débarqué" ne l’est jamais de son propre fait, mais par celui d’une autorité supérieure... Là est la nuance !

Henry CEARD, écrivain, et REDON, dessinateur, sont sur place. L’un écrira un long récit de ce débarquement tandis que l’autre, dessinateur au crayon agile, illustrera ce récit de splendides dessins pris sur le vif. Article et dessins paraitront dans le magazine "La vie illustrée" du 6 juillet 1899.

Le romancier Henry CEARD habita Port-Haliguen de 1897 à 1905. Il y écrira un roman à clef de sept cent soixante-quinze pages, dans le style naturaliste, où il décrit les vices des ivrognes, les tares des baigneurs, les turpitudes des notables, les écœurantes luttes électorales, la saleté et l’inconfort des "maisons à louer". Cet ouvrage, "terrains à vendre au bord de la mer", parut en 1906. Il a été réédité il y a quelques années. Je l’ai lu et relu. De même dans ma famille ! Ce qui a permis de décrypter quelques clefs de ce roman.... C’est pas triste !.... On comprend alors pourquoi, CEARD n’a jamais remis les pieds à Quiberon... Il méprisait tellement les autochtones qu’il avait baptisé son âne du nom de "Morbihan" !.

En août 1905, Henry CEARD rencontra Anatole FRANCE. L’illustre académicien reviendra quatre étés de suite à QUIBERON et produira un roman satirique, "L’île des Pingouins"’ qui paraîtra en 1908. Port-Haliguen et quelques Quiberonnais y figurent.


En réponse à :

Port Haliguen : une ria bien fréquentée...

9 novembre 200914:09, par Patrick LUCO

Bonjour !
La « zone » de st Clément est très intéressante car il y a là sur une surface étendue, plusieurs couches archéologiques.
A la place du tennis , il y avait une série de grands trous creusés à la pelleteuse dans les années 1950, pour prélever des graviers mélangés à de l’argile dans une plage fossile sous les dunes mortes. Dans le sable, il y avait -je me souviens très bien- deux épaisseurs séparées par une partie noire de terre végétale très fine. Dans ces couches, il y avait par endroit des « kjokkenmoddings » importants, avec des morceaux de poterie gauloise,. Il y avait aussi des cavités remplies (...)


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